Le secteur de l’optique-lunetterie en France continue à progresser : sur les 6 premiers mois de 2016, les ventes ont augmenté de +2,2%, selon GfK. Mais si le chiffre d’affaires global va frôler les 7 Mds € pour l’ensemble de l’année, le chiffre d’affaires par magasin va encore baisser, témoignant de la saturation de l’appareil commercial : au 30 septembre 2016, la société de géoprospection en optique T.Qui.T.Où a recensé 14.497 magasins en France, soit 382 créations de plus qu’en 2015 à la même période. Compte tenu de la rage des enseignes à occuper le terrain, les ouvertures de points de vente ne vont pas cesser, ni les défaillances par ailleurs et le plus souvent au détriment des opticiens indépendants. Une nouvelle configuration du paysage de l’optique est en marche. Et comme le rappelle Les Echos dans leur dernière étude dédié au secteur, « les stratégies de conquête de parts de marché (nouveaux concepts, communication, services, web marchand…) sont financièrement lourdes. » Conséquence : « Une accélération du mouvement de consolidation du secteur semble dès lors inéluctable. » La concurrence va encore s’intensifier et se durcir.
En attendant, cet envahissement de l’espace marchand s’accompagne d’une charge nourrie de gesticulations promotionnelles pour attirer les clients ; dans le même temps, les enseignes cherchent à marquer leur territoire par une différenciation… dans l’indifférence de ces mêmes clients qui, dans la grande majorité des cas, fréquentent prioritairement l’opticien près de chez eux : on peut entrer dans un magasin Atoll, Générale d’Optique ou Krys, on ne retient avant toute chose l’opticien qui nous accueille, nous conseille, fait son job d’expert, l’enseigne passe au second plan.
Ce qui n’empêche pas ces enseignes de tenter de se démarquer les unes des autres, notamment dans la sélection des marques parmi les 1.300 présentes sur le marché (au plan mondial s’entend) qu’elles vendent à côté de leurs MDD qu’elles poussent de plus en plus. Ou encore en cherchant à développer des exclusivités suffisamment médiatiques pour accrocher l’œil du chaland. A l’image du récent accouplement entre Krys et Le Coq Sportif, marque d’équipement sportif qui a connu son heure de gloire il y a bien longtemps avant de renaître depuis quelques années.
Cette collection de 24 modèles optiques pour hommes et femmes, claironnée Made in France, pour sympatique qu’elle soit, manque singulièrement de souffle créatif et d’originalité. Des lignes banales, des formes rebattues, des couleurs passe-partout, ces lunettes qui, je cite « conjuguent technicité et authenticité » (sic !), ne révolutionnent pas le segment sport et ne risquent pas de bousculer les linaires. Dommage. Krys et Le Coq Sportif, qui se sont rencontrés sur le Tour de France dont ils sont tous deux des partenaires, auraient pu davantage mouiller le maillot pour créer des lunettes au rebond plus attractif et plus différenciant.
Image : © Krys 2016