Selon une enquête santé et protection sociale (EHIS-ESPS), il y aurait moins de 10% de Français qui renonceraient aux soins en optique, contre 17% pour les soins dentaires. Une situation qui a incité le candidat Macron devenu président à promettre la suppression du reste à charge sur les soins dentaires, prothèses auditives et lunettes. Tout cela a un coût : 4,4 milliards d’euros dont 1,5 milliard d’euros pour l’optique, transférés aux professionnels de santé, à la Sécurité sociale et aux assurances. Des sommes que d’aucuns soulignent qu’elles sont sous-estimées et qu’elles devraient déraper sensiblement…
Le débat qui anime la filière optique française d’un côté et le gouvernement réformiste de l’autre est vif, ce n’est rien de le dire. Les uns veulent démontrer et protéger à juste titre leurs engagements sociaux et leur réalité économique, les autres entendent collectiviser un secteur dans la volonté « d’améliorer l’accès aux soins avec un reste à charge zéro ». Un débat purement comptable qui occulte le rôle actif des opticiens dans l’accès aux soins, capables déjà de proposer des lunettes, montures et verres, à des prix adaptés au portefeuille de leurs clients. Qu’il y ait eu des abus avec la complicité des assurances, personne ne peut le nier, de là à enfermer toute une profession dans un carcan réglementaire est abusif.
Une paire de lunettes de vue est assurément un objet paramédical. Pour les uns, il est uniquement une commodité pour mieux voir, pour les autres, il est aussi un accessoire de mode pour mieux voir et pour se faire bien voir. Dans les deux cas, la sensibilité au prix n’est pas le même. Evidemment, le gouvernement ne souhaite pas réduire tous les opticiens à la délivrance étatique d’équipements optiques uniformes, mais il laisse sous-entendre « qu’une paire de lunettes ne vaut pas le prix qu’elle vaut » puisqu’elle peut-être vendue « gratuitement » (sic !), le zéro reste à charge induisant un coût nul pour le porteur… Un point de vue arbitraire et dangereux : si demain les opticiens sont réduits au rôle de passe-plat d’un système exclusivement comptable, pourquoi continueraient-ils à s’engager dans le conseil, le dépistage, l’information auprès des assurés comme ils le font aujourd’hui… « gratuitement » ?!
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