Le 6 septembre dernier, dans le quartier de Paris Rive Gauche en pleine effervescence architecturale, la guinguette numérique EP7 a été au cœur de l’optical network. C’est dans ce lieu cool et futuriste que j’ai présenté une analyse prospective * sur la filière optique lunetterie pour Trendmark Publishing, société que je préside et qui édite Mo Fashion Eyewear et Trends by Silmo.
J’ai emprunté le titre de cette analyse à la savoureuse sitcom américaine « The Big Bang Theory » pour expliciter les mouvements tectoniques du secteur. En dehors de complexités réglementaires françaises qui crispent les opticiens et remettent les pendules à l’heure, le secteur connaît une envieuse croissance organique. En premier lieu, la population mondiale, qui va passer de 7,79 milliards de personnes cette année à 8,55 milliards en 2030, à cela s’ajoute un doublement de personnes de plus de 60 ans qui vont représenter plus de 22% de la population mondiale. Un vieillissement qui implique une augmentation des problèmes de vue (tout le monde devient presbyte) associés à une véritable « épidémie » de myopie : 1 personnes sur 3 en Europe, soit 40% des 12-54 ans aujourd’hui contre 20% dans les années 70, idem aux Etats-Unis, et jusqu’à 90% des jeunes urbains dans les pays asiatiques ! Une véritable manne pour les fabricants de verres et de lunettes. D’autant qu’actuellement, près de 2,5 milliards de personnes voient mal et ne corrigent pas leur vue. Si 100% des besoins de correction et de protection visuels étaient satisfaits, le chiffre d’affaires mondial de la filière serait de 300 milliards d’euros, il est aujourd’hui de 92 milliards d’euros en valeur (lentilles de contact, verres, lunettes prémontées, lunettes de soleil et montures) : on voit très bien les considérables marges de croissance.
Pour répondre aux besoins de ces cohortes de personnes à la vue troublée, l’industrie doit se rationnaliser et se concentrer pour améliorer la chaîne de valeur et logistique, dans l’objectif de toucher un maximum de clients pas ou mal équipés. Le nouvel attelage franco-italien EssilorLuxottica qui pèse 15 milliards d’euros de chiffre d’affaires, va pousser à cette nécessité d’intégration verticale et d’efficacité industrielle pour l’ensemble des acteurs. Avec en point de mire, une révolution de la distribution partout dans le monde qui est encore bloquée au 20esiècle et a beaucoup de mal à entrer dans le 21esiècle. L’optique n’est pas seulement un marché de la demande mais plus encore un marché de l’offre où les clients attendent un peu plus qu’une vue corrigée : services, design, accompagnement, expérience…
Dans tous les secteurs, les géants numériques et des start-ups bousculent des citadelles qu’on croyait imprenables, le secteur de l’optique-lunetterie n’est pas à l’abri de trublions alléchés par une croissance organique qui oscille entre 3 et 10% selon les pays dans les années à venir. « Une vision sans action est une hallucination » a déclaré Michaël Kami, expert américain en stratégie ; pour la filière optique, c’est le moment de bouger pour ne pas perdre de vue des clients qui regarderont ailleurs.
* Une synthèse en vidéo va suivre et je présenterais à nouveau cette étude dans le cadre du Silmo, du 28 septembre au 1eroctobre 2018.