Le studio français de films d’animation Xilam a récemment annoncé qu’il allait produire une nouvelle série basée sur Mister Magoo, un personnage créé en 1949 par John Hubley, qui a la particularité d’être ronchon et surtout d’une myopie extrême, refusant de porter des lunettes. C’est finalement comme un certain nombre de Français, toujours geignards, aveuglés par les mirages de l'Etat Providence exsangue, courant après leur pouvoir d’achat, rejetant taxes et impôts, et dans le même temps exigeant une gratuité des services publics promue par des politiciens démago-populistes.
Le psychodrame du « RAC 0 », fourbement rebaptisé par le gouvernement « 100% santé », entretien l’illusion que l’accès aux soins ne va/ne doit rien coûter. Si nous pouvons (peut-être) nous réjouir de cette obsession française de l’égalitarisme à tout prix, force est de constater qu’elle a un coût exorbitant : nous sommes le pays le plus taxé au monde et le plus redistributif. Ce qui n’a pas l’heur de calmer les agitations braillardes des Mister Magoo…
Dans le secteur de l’optique, le gouvernement a annoncé « un milliard d’économie pour les Français ». Chiffre magique basé sur des théories très approximatives et fumeuses : comment évaluer objectivement le comportement des non porteurs et des porteurs de lunettes dans l’avenir ?… La ministre de la santé promet que cette facture hypothétique sera réglée à hauteur de 750 millions d’euros par la sécurité sociale et 250 millions par les mutuelles et les assurances à qui elle presse de calmer leurs tentations inflationnistes. Mais qui paye la sécu et les complémentaires santé, sinon les usagers ? Ce milliard, il va bien falloir le trouver quelque part… dans la poche des Français ! Un effet boomerang éludé par le gouvernement actuel (et par les Mister Magoo) qui tire actuellement de très lourds chèques en bois et par ricochet une balle dans le pied de l’égalitarisme écrit sur le frontispice de nos bâtiments républicains passablement décrépis.
Forcés par la loi, les producteurs de verres et de lunettes, les opticiens et les assureurs vont s’engager dans un marché d’accès aux soins à deux vitesses, car il s’agit pour eux de continuer à gagner de l’argent et on se saurait les blâmer. Avec d’un côté, une offre "100% santé" à rapport prix-produits contraint, mais suffisamment bien calibré pour préserver les marges de tous les acteurs : en point de mire, le retour de la lunette de sécu, ni trop moche ni trop sexy. De l’autre, une offre libre mieux valorisée avec un rapport qualité-prix mieux perceptible et attractif, ce qui va inciter les professionnels (fabricants, opticiens, assureurs) à être plus transparents et plus pédagogiques pour défendre la valeur faciale de leurs produits et de leurs services. En cela, ce psychodrame sur le RAC 0 qui traîne, devrait quoi qu’il en soit « assainir » le marché français de l’optique. Ce qui n’empêchera pas des Mister Magoo de brailler…
La fin de l’année approchant, il faut espérer qu’en 2019, ce pseudo débat sera enfin définitivement clôt et que nous pourrons parler des vrais sujets qui ne fâchent pas : la santé et la beauté visuelles…
Article paru sur Frequenceoptic.fr.