Comme une forme d’acmé de l’individualisme, la théorie du genre promeut une société où le choix d’être un homme ou une femme appartient à chaque individu maître de son destin. Notre apparence physique ne dépend plus d’une enveloppe corporelle, mais d’une décision intime qui efface l’identité sexuelle au profit d’une (dés)incarnation non-binaire. Si le virilisme se consume dans le féminisme pour atteindre la mixité, on ne peut qu’applaudir. Or, il s’agit de faire disparaître les sexes au prétexte que la dualité des dits sexes alimente une culture sexiste dominée par la norme hétérosexuelle décrétée et soutenue par l’homme blanc. C’est toute ligne d’attaque de la Queer Theory américaine qui se diffuse en Europe. « C’est l’oppression qui crée le sexe, non l’inverse », affirmait Monique Wittig, militante de la fin de la distinction du genre. Une oppression qui n’est pas contestable mise en lumière par le mouvement #metoo. Pour autant, peut-on croire qu’un corps d’homme et un corps de femme sont interchangeables ? Et plus encore, que l’expression/expérience sexuelle qui en résulte est d’une même nature ?
L’historienne Mona Ozouf, qui critique le féminisme à l’américaine, défend une vision plus singulière : « L’indifférenciation des sexes serait-ce un bien ? C’est à cette extrémité-là que mon féminisme n’est pas du tout près d’aller, car je ne crois nullement l’indifférenciation souhaitable. » Elle défend « un commerce plus heureux entre les êtres humains, et singulièrement entre les sexes. »
Un commerce heureux qui n’empêche pas l’apparence de s’émanciper de la loi du genre. L’industrie de la mode, opportuniste et versatile, se laisse gagner par la solubilité des sexes où les vestiaires masculins et féminins tendent à se neutraliser gentiment pour adhérer au concept de gender fluid. La mode unisexe ne date pas d’aujourd’hui, quant au style androgyne, il demeure anecdotique pour la simple raison que les hommes ne parviennent pas encore à se mettre totalement en rupture avec les codes de la virilité. Certes, les clivages hétéros/gays se confondent dans une masculinité stylistique qui explore une esthétique affranchie. Certes, les hommes se libèrent de la mode formelle, ils sont plus curieux, plus indépendants dans leur choix et plus réceptifs aux nouvelles tendances, mais sans gommer les signes de leur sexe. Ce n’est pas un hasard si la barbe chez les hommes fleurit depuis plusieurs années, marque d’une virilité qu’aucune femme ne partage sauf à être un phénomène de foire…
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