Sans chauvinisme outrancier, la France est — avec l’Italie — un grand pays de lunetiers. Avec un bémol, nos voisins transalpins ont développé une véritable industrie, alors qu’ici, l’histoire industrielle s’est évaporée dans les limbes d’une mondialisation mal gérée. Il reste de vigoureux Gaulois qui défendent les dernières manufactures soutenues par la nouvelle génération de créateurs, bien que fabriquer en France soit souvent une gageure : il faut une foi nationaliste (aveugle ?) pour défendre les savoir-faire locaux par conviction et, osons le mot, engagement patriotique tant les embûches ne manquent pas.
Nathalie Blanc, interviewée dans le magazine MO Fashion Eyewear en ligne actuellement en fait le constat : « Nous avons un problème majeur que tous les créateurs comme moi rencontrent aujourd’hui : la fabrication française. Ces dernières années, le Made in France en lunettes est devenu attractif, de nouveaux donneurs d’ordre arrivent sur le marché dont des groupes de luxe, or la capacité industrielle française ne peut pas absorber les volumes en jeu, et des ‘petites’ marques comme nous en pâtissent. Nous avons un an voire un an et demi de retard sur nos commandes, avec pour conséquence des pertes de chiffre d’affaires. » Si une poignée de sous-traitants investissent, ils peinent à trouver du personnel compétent et quoiqu’il arrive, ne parviennent pas à pallier le retard industriel d’une France gangrénée par une perte de compétitivité, un recul du système éducatif, un manque de spécialisation, un climat social délétère et une administration prédatrice. Et côté qualité, à de rares exceptions, le Made in France décroche à cause d’un outil de production sous-dimensionné et un positionnement moyen gamme.
« Nos lunettes ne sont pas des produits jetables, ce sont des produits de luxe, des accessoires personnels avec lesquels on vit chaque jour, avec le plaisir de porter un bel objet. Je ne vends pas des lunettes Made in France, je vends des lunettes de qualité signées Nathalie Blanc : c’est mon nom qui est engagé » défend la créatrice. L’industrie de l’optique-lunetterie française est trop fragmentée et rétrécie pour retrouver sa place dans la chaîne de valeurs mondiale. Plus de vingt ans de déni de la réalité et des incantations sur une réindustrialisation prétendue ne suffiront pas à inverser la tendance.
MO FAHION EYEWEAR 123, à lire ici.
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