Dans le contexte sanitaire actuel, masque et maquillage ne font pas bon ménage. D’après une étude de l’institut Nielsen, les ventes des produits de maquillage ont dévissé en 2020 avec un recul de près de 17% et davantage pour les ventes de rouges à lèvres qui ont chuté de 33%. Rien de surprenant, le port du masque et le télétravail induisent un changement dans les routines beauté et dans l’appréciation de la mise en valeur de soi, de la séduction...
Les yeux étant au centre de l’attention, les mascaras, eye liners et autres fards ont été plébiscités. Avec un bémol toutefois, la tendance « no make-up » s’impose de plus en plus, notamment chez les plus jeunes qui privilégient un visage au naturel, un refus de l’artifice et d’une beauté normée pour accepter les imperfections, les montrer sans complexe. Un mouvement qui croise la tendance « skinimaliste » qui favorise le soin de la peau, le bien-être, la qualité des ingrédients, le rapport entre beauté et santé dont les liens se sont resserrés.
Une situation qui profite au secteur de l’optique-lunetterie. Nos vies confinées, réduites aux périmètres des écrans, a nécessité une protection contre les agressions de la lumière bleue, la lutte contre la fatigue oculaire, une prise de conscience accrue de la santé visuelle qui est allée de paire avec une forte dimension esthétique : une paire de lunettes est un équipement médical indispensable et un produit de beauté essentiel. Une monture ne se réduit pas à un accessoire de mode, elle est un cosmétique qui renforce les aspirations des femmes (et des hommes !) à sortir des standards pour afficher une forme d’indépendance stylistique, pour se distinguer. L’année dernière, les ventes de lunettes ne se sont pas effondrées, la recherche de formes plus audacieuses et de couleurs a stimulé le désir des porteurs de ne pas négliger leur apparence visuelle.
Un sondage OpinionWay pour le GIFO et le Silmo confirme ce constat avec pour 2021 des intentions d’achats constantes sur les lunettes, une augmentation du budget optique pour certains et un recul des produits « premier prix ». Il ne faut pas ignorer la réalité d’un pouvoir d’achat tendu pour une partie de la population, ni négliger les aspirations contemporaines de la consommation qui ne s’épanouissent pas dans la décroissance, qui ne sacrifient pas le beau pour le bien, le mieux pour le moins. Une posture que semble bien gérer les opticiens qui sortent renforcer de la crise. Dans les années 80, la créativité d’Alain Mikli était guidée par « la correction de la distinction », en 2021, ce mot d’ordre n’a rien perdu de sa pertinence.
Photo : © Dimitry Zub/unsplash