Parler du luxe, c’est porter un regard sur un secteur économique qui prospère en France depuis le XVIIe siècle au bas mot, un étendard glorieux du soft power hexagonal que nous envie de nombreux pays, pour ne pas dire le monde entier. Sans faire vibrer la corde nationaliste (qui n’est pas mon genre), les Français ont inventé le luxe, l’esthétique du luxe, cette capacité à créer des objets, des services et un art de vivre où le raffinement distille les règles de l’être et du paraître dans une apesanteur exquise. Lors de leur visite d’État, Le roi Charles III du Royaume Uni et la reine Camilla ont apprécié l’apparat d’une France capable d’accueillir des monarques avec l’éclat requis sans en faire des tonnes.
Ce luxe monarchique peut paraître suranné voire déplacé pour certains, il est une des facettes de sa représentation, le luxe est en effet pluriel dans sa singularité d’élitisme et de popularisation. Et une exemplarité à défendre des savoir-faire ancestraux. « Le luxe est le plus ancien secteur d’avenir, c’est particulièrement vrai pour le geste artisanal qui a de beaux jours devant lui ! » déclarait, à Connaissance des Arts en mai dernier, Bénédicte Epinay, déléguée générale du Comité Colbert, un collectif qui se revendique comme « la voix du luxe français » regroupant plus de 120 Maisons de luxe et institutions culturelles. Il n’y a pas (encore !) de lunetiers parmi cet aréopage prestigieux, pourtant d’incomparables Maisons pourraient postuler. Des lunetiers de haute volée entichés de beaux savoir-faire, façonnent des lunettes remarquables et ne galvaudent pas la notion de luxe, mais l’élèvent vers une perfection où la fabrication soutient le style, et vice versa. À côté, les grandes griffes ne ménagent pas leurs efforts pour mettre les lunettes au rang d’objets précieux dûment logotypés.
Dans un environnement énervé par des crises en cascades, le luxe poursuit sa route vers des sommets : en 2002, la valeur du marché mondial des produits personnels de luxe s’élevait à 122 milliards d’euros, 20 ans plus tard, elle dépasse les 350 milliards d’euros. Pourquoi tant d’attraction ? Rajeunissement de leur audience, digitalisation maîtrisée, utilisation opportuniste des réseaux sociaux comme caisse de résonance planétaire, engagement sur les enjeux environnementaux, offre affinée de plus en plus ultra qualitative, malléabilité commerciale pour s'adapter aux différentes typologies de clients, communication enchantée, les marques de luxe manipulent les lois économiques avec maestria, et plus encore, elles cultivent l’exclusivité et simulent la rareté en vendant au plus grand nombre et au prix fort. Dans le grand cirque de la consommation, les marques de luxe sont des acrobates dont le spectacle nous émerveille. Aveuglément. Ou presque.
À lire sur mo-lemag.fr, issuu, Cafeyn, Frequenceoptic, etc.
#luxe #mode #comitecolbert #france #MO #trendmarkpublishing #lunettes #optiques #tendanceslunettes #tendances